Article du Quotidien le soir du 22 mai 2007
Lors de sa prise de fonction à la tête du Centre public d'action sociale de Charleroi, Marc Parmentier (PS) l'avait appelée de ses voeux : une nouvelle table ronde sur la précarité, dix ans après la précédente. À sa demande, le Relais social de Charleroi a concrétisé ces échanges, organisés sous la forme d'ateliers.
Les cinq groupes ont respectivement planché sur l'hébergement d'urgence ; le travail social et la violence ; les personnes ne fréquentant pas ou plus ou mal les services ; la sortie de l'urgence et l'offre de logements accessibles à bon marché ; et, enfin, l'accompagnement, les insertions et les passerelles. Des échanges thématiques dont sont ressorties quatre grandes propositions communes aux ateliers : consolider et élargir l'accompagnement social ou pluridisciplinaire, envisager d'individualiser les droits sociaux, encourager le cologement et augmenter le nombre de lits d'urgence de manière cohérente et diversifiée (afin de prendre en charge les problèmes des assuétudes). Des revendications soumises aux représentants des quatre familles politiques.
Si le MR n'a pu prendre d'engagements sur ces thèmes - l'échevin Philippe Sonnet, qui représentait Olivier Chastel, a été rappelé à la Ville en cours de débat -, Anne Cattiez (Écolo), Fabienne Manandise (CDH) et Eric Massin (PS) ont choisi de soutenir certaines de ces revendications. Écolo et CDH se sont dits sensibles au problème du cologement. « Il faut permettre les logements collectifs sans perte de droits sociaux pour ceux qui les occupent », reconnaît Fabienne Manandise. Le PS, lui, propose de créer un fonds public unique destiné à fournir les garanties locatives quand le locataire n'est pas en mesure d'y faire face. Les candidats ont également évoqué les propositions de leur parti en faveur de l'accès à la santé ou de l'hébergement d'urgence.
Mais l'approche de la pauvreté ne fut pas qu'intellectuelle, hier matin. Dans la salle, plusieurs personnes en situation précaire ont pris la parole. Avec dignité et pertinence. « Pour l'accueil de soirée, de 17 à 20 heures, il faut plus de moyens, plaide Didier, un travailleur social. Ce projet doit être reconduit toute l'année et pas seulement en période hivernale. Sur Charleroi, il pourrait se poursuivre via une maison communautaire. » Pour Frank, la garantie locative organise une discrimination entre ceux qui peuvent la verser d'une traite (et en perçoivent les intérêts en fin de bail) et ceux qui doivent étaler son paiement. Il évoque aussi la nécessité de développer une approche de la santé préventive auprès des publics précarisés, en misant notamment sur l'accès au sport « Au Passage 45 du CPAS, on délivre des tickets à prix réduit pour aller voir les Spirous ou le Sporting, signale-t-il. Mais quid de ceux qui veulent pratiquer un sport ? » D'autres revendications ont encore fusé de la salle, toutes imprégnées de vécu.
Au terme des échanges, plusieurs observateurs affichaient une satisfaction mesurée. « C'est beaucoup de bavardages mais j'espère qu'il y aura de vrais actes », lance Denis Uvier, travailleur social qui campe avec les SDF depuis plus d'un mois, sur un terril de Charleroi. « Aujourd'hui, il y a une réalité sociale qu'on ne peut plus ignorer, observe Thierry Marchandise, ancien procureur du Roi devenu juge de paix. Garantir le paiement du loyer à des petits propriétaires qui en ont eux-mêmes besoin pour ne pas basculer, présente un intérêt. Aujourd'hui, je croise en justice de paix des gens qui ne peuvent plus assumer leur loyer, qui voudraient un logement social mais n'en trouvent pas. » Le magistrat évoque ces « séparations intéressées » que rendrait caduque l'individualisation des droits sociaux.
Paul Trigalet (Solidarités nouvelles) abonde dans ce sens. Et s'en remet aux politiques. « C'est vrai, des mesures sont prises. Mais elles ne sont pas à la mesure de l'aggravation de la situation sociale. » Un appel qui, hier matin, semblait avoir été entendu. « Je serai satisfait dans un an si leurs engagements ont été concrétisés. Car dans les ateliers, on a prévu la manière d'assurer le suivi. »
mardi 22 mai 2007
Des ateliers face à la pauvreté
Publié par Fabienne Manandise à 06:01
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